lundi 19 octobre 2009

TTC mon amour...

Arriver dans un nouveau pays impose de tout réapprendre. Certaines des moindres petites choses qu'on pense immuables et universelles ne s'appliquent tout simplement pas.

Par exemple, on pourrait croire que le Canada est un pays moderne. Depuis aussi loin que je me souvienne, la RATP distribue des petits billets avec une bande magnétique dessus, qu'il faut insérer dans la fente de la machine qui libère automatiquement le tourniquet. Même à Vancouver ils en ont : Dans les bus, on glisse la petite carte magnétique dans la fente, la machine émet un BIP! joyeux indiquant que le billet est toujours valable. Et ô miracle technologique, c'est compatible avec le skytrain : Bip! le bus, Bip! le skytrain, Bip! le 2e bus, c'est formidable.

TTC est un TLA (Three-Letter-Acronym - ils aiment beaucoup les TLA en Amérique du Nord) qui veut dire Toronto Transit Commission. L'intérêt de la TTC, c'est qu'ils s'occupent du métro. Un bon métro bien bourrin, en tôle ondulée comme celui de NY, qui pue, qui secoue quand il accélère violemment et qui crisse* lorsqu'il freine brusquement.
(* de câlice !)
TTC's subway

La TTC comporte la plus belle collection de mecs blasés qui tirent la tronche du matin au soir que j'ai vue jusqu'à présent. La raison est à mon avis que la TTC est restée bloquée à la seconde révolution industrielle niveau avancée technologique, ce qui doit accentuer le marasme de ses employés. Ici point de cartes magnétiques qui font des bips joyeux.

Pour "Ride the Rocket" comme ils disent fièrement, il y a deux options : avoir du cash - mais attention, la somme exacte hein, parce qu'ils ne rendent pas la monnaie - ou bien acheter des jetons. Des petits jetons en nickel bordé de cuivre, pas plus gros qu'un pièce de 10 cents. On jette les pièces ou le jeton dans une espèce d'urne gardé par un cerbère à mine patibulaire qui a une tête de tueur soviétique (la moustache et la calvitie, certainement) et on a le droit passer. Pareil dans le bus. Si on ne fait qu'un trajet, l'histoire pourrait s'arrêter là. Mais que se passe-t-il si l'on doit prendre DEUX bus ? Ou un bus ET un métro ? Là ça se complique, et vu que ce n'est expliqué nulle part, j'ai bien galéré au début.

La solution s'appelle transfer. Un transfer est une petite bande de papier Q sur laquelle on trouve plein d'infos importantes : où on se trouve, quelle heure il est, quel jour on est, si c'est le jour ou si c'est la nuit, le n° du jour dans l'année... Ce papelard il faut le garder bien précieusement parce qu'il servira de laisser-passer pour le prochain cerbère qu'on verra. Et il faut bien le lui montrer, sinon il nous aboie dessus.

Nature morte aux transfers et aux jetons de métro :
Nature morte aux transfers et aux jetons de métro

Il y a deux sortes de transfer : les transfers de bus, que le conducteur du bus nous tend dès qu'on jette du métal dans son urne, et les transfers de métro, distribués par de grosses boites rouges juste après les portillons, et là il faut appuyer sur un bouton :

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Attention ! Il ne faut pas oublier de prendre son transfer ! Il y a en effet une règle très importante édictée bien clairement sur le susdit papier : "le transfer ne peut pas être utilisé dans la station où il a été émis". En gros, si on prend le métro en oubliant de prendre son transfer, il ne faut pas descendre là où on devrait descendre pour prendre le bus. Il faut aller à une autre station, descendre du train, remonter les marches pour prendre un transfer, revenir sur ses pas, prendre le train dans la direction opposée pour enfin sortir à sa station et montrer le précieux sésame au conducteur. Si on descend du bus, ou si on passe les tourniquets, en oubliant de prendre un transfer, on est bon pour payer une 2e fois sa course à la correspondance.

C'est pas vraiment compliqué en fait, il suffit d'être prévenu. Mais lorsqu'on s'imagine qu'il y a des choses acquises, aussi évidentes que mettre un ticket de métro dans un tourniquet, on a toutes les raisons d'être surpris... En fait le véritable problème de ce métro est que les indications sont vraiment sporadiques. Le plan est un vrai fouillis, les transfers ne sont pas valables entre Toronto et les autres municipalités (je bosse à Mississauga, qui jouxte Toronto) et il est impossible de trouver un plan dans les bus ou dans les rames, ce qui rend très difficile le choix du moment où il faut descendre (cela requiert généralement une excellente mémoire et des yeux de lynx pour arriver à lire les panneaux de noms de rues lorsque le conducteur a le pied au plancher). Et si on demande au chauffeur, on se retrouve avec une série de borborygmes qui ajoutent plus à la confusion qu'autre chose. J'entendais des français en discuter à juste titre : "Les pauvres touristes, ils doivent être largués"... Heureusement que pour moi, ça s'arrête aujourd'hui !

Voici la fameuse boite rouge, ne la ratez pas, vous êtes prévenus :

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dimanche 18 octobre 2009

Toronto : semaine 3

Récemment, j'ai fait la chasse à la voiture... ras le bol des transports en commun. Je suis tout simplement pas fait pour attendre le bus. Et à l'approche de l'hiver, je me dis que je serais beaucoup mieux assis dans une voiture avec un petit chauffage pour les pieds plutôt que debout à attendre dans le froid. En soi, trouver la voiture de nos rêves est allé assez vite. Nous avons d'office éliminé les grosses automatiques, je n'en pouvais plus d'avoir un moulin de 6 cylindres qui fait du 13L au 100km. Finalement notre choix s'est porté vers une Ford Focus que j'aurais lundi.

Le vendeur grec (il s'appelle Nikolas comme tous les grecs) nous a bien prévenu : Maintenant la partie difficile commence, trouver une assurance...

Je pensais que le système en Colombie-Britannique était assez con : ICBC est la société d'assurance obligatoire pour tout véhicule immatriculé en BC, c'est une société d'état, qui s'occupe non seulement des assurances, mais rempli le rôle de la préfecture chez nous car elle délivre les plaques, s'occupe des PV, et travaille main dans la main avec les keufs. Autrement dit, l'assureur est automatiquement et immédiatement au courant de la moindre prune dont on a écopé. Sympa pour le malus, même si on n'a pas d'accident... C'est un peu la World Company routière en BC : ils font tout, savent tout, décident de tout.

En Ontario, c'est peu comme en France, les assureurs sont privés. Du coup, une myriade de compagnies d'assurance et de brokers en tout genre fleurissent sur le marché. Qui dit compagnie privée dit système de pourritures capitalistes qui ne pensent qu'à s'enrichir sur le dos des pauvres petits contribuables.

Dans ce pays, la règle c'est zéro confiance : Pas d'historique de crédit, pas de carte visa, pas de possibilité d'emprunt, pas possible d'acheter une maison. Même si on a une situation en or. Ils s'en tapent. Pour les assurances, c'est pareil. J'ai beau avoir 11 ans de permis de conduire en France et aucun d'accident (lettres de la Maif à l'appui), ils ne prennent en compte mon historique que depuis 2007. Du coup j'ai reçu des devis délirants (genre je devais payer par mois l'équivalent de ce que je payais par an en BC). Ou comment dire gentiment d'aller me faire voir.

Après moultes tergiversations, négociations, nuits passées sur internet à demander des devis et longues heures au téléphones, j'ai trouvé un assureur pas "trop" cher (hum hum)... pour me rendre compte qu'ils ne peuvent assurer un véhicule que si on a un permis de l'Ontario. Pas de problème, le permis est échangeable entre les différentes provinces du Canada (on peut même échanger son permis français, ce qui n'est pas le cas en BC).

Sauf que... pour changer son permis, il faut se rendre dans un centre de test de conduite (apparemment ce sont les seuls dans tout le Ministère des Transports de l'Ontario capables de prendre une photo et de l'imprimer sur un bout de plastique), et que ces braves gens sont en grève pour une durée indéterminée depuis le 24 Août. Pas de permis, pas d'assurance, pas de bagnole... là j'ai dû négocier dur avec les assurances, parce que légalement j'ai deux mois pour changer mon permis, et j'ai le droit d'assurer une voiture durant ces deux mois.

Il va donc falloir attendre un peu avant que j'obtienne mon petit rectangle de plastique avec ma photo. Ici ils sont fans des cartes avec la photo dessus : Permis de conduire, carte de bus, carte visa (!), et même carte d'assurance santé.

J'ai donc eu l'immense joie jeudi dernier d'aller faire ma demande pour ma carte de sécurité sociale. Heureusement que j'avais tout prévu, les formulaires pré-remplis et toutes les pièces nécessaires (et pourquoi je suis là, et où j'habite, et pour combien de temps, et combien je gagne... limite s'il fallait pas que je donne une radio des poumons, un scanner de la tête, un électrocardiogramme, un bilan osseux et la preuve que mes parents ne sont pas communistes). Parce que s'ils ont le moindre doute, ils n'assurent pas, hé oh faut pas déconner, des fois que tu nous fasses dépenser de l'argent... "ouh un permis de travail, ça me parait louche, je vais en parler à mon chef".

Finalement tout était en ordre ("je serais pas un boulet pour la société, je te le promets monsieur") et le fonctionnaire a daigné prendre ma photo pour ma carte que je recevrai sous peu (j'aurais dû lui demander de faire passer ma photo au Ministère des Transports, mais pas sûr qu'il comprenne l'humour, il est fonctionnaire après tout). Mais je ne pourrais pas utiliser cette carte avant le mois de décembre.

Parce que quand on arrive dans ce pays et qu'on demande d'avoir une assurance maladie le 15 octobre, on a interdiction de tomber malade avant le 1er décembre. C'est comme ça. Genre le mec il vient d'un pays du tiers-monde (la France), malade comme un chien d'une maladie mortelle dans les trois mois si elle n'est pas soignée par un remède qu'on ne trouve qu'au Canada, hop le mec il se fait faire un permis de travail (délai d'obtention : 3 à 6 mois) ou une résidence permanente (délai d'obtention : 1 à 3 ans) et il vient se faire soigner incognito aux frais de la reine. Peinard le mec. Ah ils ont pensé à tout au Canada.

J'ai quand même une liste des cliniques où je peux me faire soigner gratuitement. Même si ethniquement ce doit être intéressant, je vais éviter de tomber malade, hein...

vendredi 2 octobre 2009

On efface tout et on recommence !

Discovering Toronto

Difficile de faire moins équivoque quant à la ville dans laquelle je me trouve...
On repart à zéro donc. J'ai débarqué dans la plus grande ville du Canada (grande car c'est là que se trouve la plus haute structure autoportante achevée du monde) avec juste deux valises, et la mission de trouver un logement avant de commencer le boulot 5 jours plus tard.

Mission accomplie, j'habite , dans une petite maison à un étage, plein de chambres et plein de place.

A l'approche du Week-end, j'ai un peu de temps pour faire un récapitulatif de ce qui s'est passé depuis la dernière fois :
- La dernière semaine de préparation du mariage a été très intense, car la charge de travail était considérable. Heureusement, plein de petites mains se sont jointes à nous pour notre plus grand bonheur, merci à tous celles et ceux qui sont arrivés avant la date fatidique, nous n'aurions jamais été prêts à temps sans vous ! Les gros postes étaient gérés par les parents (bouffe, salle, etc) donc ça allait, mais c'est tout le reste, la multitude de petits détails qui font qu'un mariage est une journée personnalisée qui nous ressemble de A à Z, les petits plus que nous voyons mais pas forcément tous les invités et qui contribuent à rendre l'atmosphère plus chaleureuse, tout ça prend un temps fou. Je ne manque pas une occasion de vous dire merci !
- Le jour J était formidable, mirifique, fabuleux, exceptionnel, je pourrais entasser les superlatifs pendant des heures. Ce qu'il en reste : une impression très douce d'une journée où tout à roulé comme sur des roulettes, comme un rêve qui laisse un épais souvenir qu'on a envie de se rappeler. Presque irréel. J'ai une famille et des potes formidable. Et une femme géniale et parfaite bien sûr !
- La journée du dimanche était géniale, et paraissait plus réelle du coup.
- Ensuite notre voyage de noces en Jordanie. Festival de couleurs, d'odeurs, bouffe extra, gens accueillants, on a l'impression de se balader en permanence dans une carte postale. Pétra à tomber par terre. Trip dans le désert exceptionnel. Seuls au monde, pas un bruit, pas un être humain. Le moyen ultime de se recentrer, se retrouver, partager. Foncez dans ce pays si vous avez l'occasion (photos très bientôt).
- BAM! Retour à la réalité. Mélanie à Vancouver, j'ai un répit d'une quinzaine de jours que je passe à Paris et Vancouver avant de me retrouver à Toronto. Ce fut un peu la course au début, trouver un logement, repérer les lieux pour le boulot lundi, lutter contre une bronchite qui ne passe pas... La première semaine est passée, je commence à prendre mes repères. Je parlerai du boulot en lui-même plus tard. Impression bizarre de laisser la routine s'installer alors que tout vient à manquer. Ça me rappelle les premiers jours passés à Grenoble ou à Victoria... arrivée dans une ville inconnue, pour un boulot nouveau, avec quasiment rien. Du coup il faut tout racheter, recommencer à se faire des potes, trouver des bons pubs et des endroits de sortie. Ce n'est pas la première fois me direz-vous, et la nouveauté m'a toujours attiré. Mais on ne s'habitue pas trop à ce genre de situation où on en vient à quasiment camper chez soi sans rien pour s'asseoir ou se faire à manger alors qu'il faut être à l'heure au taf, qu'il fait un froid de canard et qu'il pleut ! Heureusement que la fin de tout ceci est proche.

Pour voir Toronto, c'est , en attendant la Jordanie, et les photos du mariage bien sûr !