mercredi 11 février 2009
Photos & Présidents
Je suis tombé sur cet article du NYTimes, qui fait le bilan des années Bush en photo, avec les commentaires de photographes des plus grosses agences presse :
Mirror, Mirror on the Wall
Allez jeter un œil, c'est carrément intéressant, et maintenant que l'homme s'est retiré, on peut lui rendre sa part d'humanité que le monde entier s'est empressé de lui retirer (à tort ou à raison, mais Bush ce n'est pas Hitler quand même).
Puisqu'on parle de photos et de présidents, tout le monde a vu cette image de campagne:
Ce poster a certainement aidé à faire d'Obama une icône avant même qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit. Rien qu'à voir le nombre de couvertures de magazines reprenant ce coloré portrait, ça tenait plus du culte de la personnalité et du fanatisme que du réel soutien à des opinions politiques. Pensez-donc : un homme de couleur dans la course à la maison blanche, un poster que n'aurait pas renié le Jefferson Airplane pour l'une de ses pochettes d'album, le tout insuffle un vent de renouveau soixante-huitard dans une Amérique qui a du mal à se trouver des héros et une identité.
Mais ce n'est pas de ça que je veux parler.
En fait c'est ce qui se cache derrière cette photo qui est divertissant. Le groupe de campagne d'Obama ne l'a pas retenue comme photo officielle pour cause de copyright. Le véritable succès de cette image est dû à des campagnes d'affichage sauvage qui ont été formidablement relayées par le public dans tout le pays, et les médias ont suivi ensuite. Comme dit le grand philosophe Éric Cantona : "Quand les mouettes suivent le chalutier, c'est parce qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines."
Cette affiche est l'œuvre d'un artiste nommé Shepard Fairey, à partir d'une photo originale d'un type resté longtemps inconnu - parce qu'il ignorait tout simplement que sa photo avait servi de base à ce travail. Et la question s'est posée pendant longtemps de savoir QUI était l'auteur du cliché à l'origine du boulot de Fairey. S'ensuit donc une course juridique en plusieurs actes que je m'en vais vous conter ici, avec moults rebondissements dignes d'un grand film américain, c'est à dire que ça finit bien, mais que c'est un peu compliqué vers le milieu :
- Ce poster est devenu l'emblème de l'Obamania, de manière officieuse (m'enfin le bureau de campagne de Barack Obama n'y était pas hostile). Il n'a pas été retenu pour la campagne officielle tout simplement parce que l'auteur original étant inconnu, il n'a pas pu donner son accord.
- Après moult tergiversations, les photophiles internautes ont découvert que la photo originale est signée Mannie Garcia, un photographe free-lance qui s'est dit flatté et heureux que sa photo soit à l'origine du poster. Même que dans la salle il y avait George Clooney.
- L'Associated Press se rend compte que Garcia bossait pour eux au moment où la photo a été prise, ils s'estiment donc propriétaires naturels du travail de Garcia, et de l'affiche de Fairey qui en a dérivé. Le photographe s'oppose à cette requête, avançant qu'il ne se souvient pas avoir jamais travaillé pour l'AP.
- Dans le même temps, l'auteur de l'affiche est arrêté à Boston dans des conditions douteuses. L'histoire dira qu'en fait ce n'était pas pour son manque de respect du copyright. L'affichage sauvage font apparemment partie des méthodes du bonhomme pour faire parler de lui. M'enfin ça relève quand même de la méthode de mafiosi de la part du maire de Boston.
- A sa sortie de prison, Fairey saisit la justice pour que son travail soit estampillé Fair Use, et ainsi couper court à toutes les tentatives judiciaires de l'AP, qui s'offusque. Rappelons que pendant tout ce temps, l'auteur de la photo, Mannie Garcia, se dit satisfait que son travail soit utilisé de la sorte, ne demande rien à personne, et continue de contester la revendication par l'AP des droits de la photo.
Alors, photographe qui yoyote de la touffe, artiste has-been en recherche de reconnaissance médiatique, grosse corporation prête à tout pour faire des bénéfices ? Affaire à suivre...
Mais rassurez-vous. Moi je fais moi-même mes posters avec mes photos de moi que je prend de moi-même dans mon appareil. Alors pas de risque qu'une quelconque association de malfaiteurs ne réclame des dommages et intérêts sur des bénéfices que je ne fais pas puisque toutes mes photos ont la licence Creative Commons qui permet à tout un chacun de modifier, remixer, redistribuer librement mes œuvres. Dont moi.
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